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Riche comme Crésus
Pourquoi Crésus était-il si riche ? Avait-il touché le pactole ?
On sait tous ce que veut dire l’expression « Riche comme Crésus » mais sait-on qu’il a vraiment existé ? Quel a été le revers de la médaille de sa richesse et quelle était la source de sa richesse ?
La parabole du créancier impitoyable, 1629, Claude Vignon, Musée des beaux-arts de Tours. (Source : Wikipedia)
Un roi historique, une richesse mythique
Crésus, (- 596 / - 546), en grec ancien Κροῖσος, né vers 596 av. J.-C., est le dernier roi de Lydie, un royaume au sud-ouest de l’Asie Mineure. Il est le fils d’Alyatte II, roi de Lydie et d’une mère carienne. Il est également le demi-frère de Pantaléon, né d’une mère ionienne qui revendique le pouvoir comme lui. Crésus hérite du pouvoir à la mort de son père. Il avait déjà été nommé vice-roi et chef des armées. Il souhaite l’expansion de son royaume et il y met tout son cœur mais aussi une grande partie de son argent. Mais peu importe, il en avait beaucoup comme tous les rois lydiens.
Aux sources de cette richesse : le pactole
Le royaume de Crésus se situe dans l’actuelle Turquie où coule une rivière réputée charrier de l’or : le Pactole, qui aurait fait la richesse de la Lydie antique. La spécificité de ce fleuve réel est expliquée par un mythe étiologique. On raconte, en effet, que Midas, un roi mythologique grec de Phrygie, a pu profiter de la richesse du Pactole en offrant l’hospitalité à Silène, désorienté par l’ivresse. Silène était le père adoptif et le précepteur du dieu Dionysos. Ce dernier, pour remercier le roi Midas d’avoir porté de l’aide à son père adoptif, lui a accordé un vœu. Midas lui a demandé alors la capacité de pouvoir changer tout ce qu’il trouve en or. Fou de bonheur, le roi se précipite sur n’importe quel objet qui se transforme en or à son contact. Il finit néanmoins par regretter amèrement son vœu lorsqu’il transforme sa fille en or en l’étreignant. Midas va voir Dionysos et le supplie de revenir sur son vœu. Le dieu lui conseille d’aller se laver dans la rivière du Pactole. Midas plonge donc dans les eaux et le sable se transforme en or. Le roi finit par se laver entièrement de son don et retrouve une vie normale. C'est ainsi que la rivière a offert une grande richesse à tous les rois qui ont suivi.
Le roi Midas et la touche en or, 1893, Walter Crane (Source : Wikipedia)
L’expression « Toucher le Pactole » provient donc de la rivière Pactole. Crésus impressionne les Grecs par la splendeur de ses offrandes aux temples de la Grèce et d’Asie. Il a en particulier reconstruit le temple d'Artémis à Éphèse, l'une des Sept Merveilles du monde antique et porté au sanctuaire de Delphes une quantité inimaginable d'offrandes avec une immense statue d’un lion en or.
Le bonheur a-t-il un prix ?
La plupart des faits relatifs à Crésus nous sont relatés par Hérodote, un historien très curieux, hétéroclite qui a un goût prononcé pour les faits légendaires.
Hérodote raconte que du temps de Crésus, un législateur athénien, Solon, avait eu pour mission de répertorier les personnes les plus heureuses du royaume. Solon reçoit alors la candidature de Crésus qui vivait dans le luxe. Il lui rend alors visite. Crésus lui montre avec orgueil tous ses trésors et ses palais pour essayer de l’éblouir en vantant son bonheur.
A l’annonce du résultat, Crésus a la mauvaise surprise de ne pas se voir classé dans le top des trois personnes les plus heureuses du royaume. Solon aurait alors déclaré ceci : « Avant qu'il soit mort, attendons, ne disons pas encore d'un homme qu'il est heureux : disons que la fortune lui sourit ». On attribue d’ailleurs à Solon l’euphémisme « L’argent ne fait pas le bonheur ». Quelques jours plus tard, Crésus est terriblement attristé par la mort de son fils Ardys lors d’un accident de chasse.
Un orgueil ardent
Hérodote raconte également que le désir de s’emparer de l’empire perse fait oublier à Crésus sa tristesse d’avoir perdu son fils. Il y a eu une vraie guerre entre Crésus et un autre roi perse Cyrus le Grand ou Cyrus II, assez ambitieux, qui avait le même désir d’expansion que lui. Les Perses étaient l’autre grand peuple qui dominait l’Asie Mineure. Pour son projet, Crésus va mettre des moyens humains, diplomatiques et financiers. Il noue des alliances avec Sparte, Babylone et l’Egypte. Il est confiant car l’oracle de la Pythie lui a prédit qu’il détruira un vaste empire et il s’est allié à de grandes puissances. Or Sparte, l’Egypte et Babylone refusent finalement d’intervenir dans le conflit. On raconte que lorsque Cyrus ravage la capitale lydienne, Sardes, il propose à Crésus d’accepter de devenir gouverneur de Lydie mais Crésus refuse.
Crésus sur le bûcher, 500-490,
amphore à figures rouges,
musée du Louvre (G 197)
(Source : Wikipedia)
Il est alors fait prisonnier : Cyrus le Grand décide de le brûler. Crésus, pieds et mains liés sur le bûcher, prie Apollon de bien vouloir lui laisser la vie sauve. Il s’excuse de son penchant orgueilleux et belliqueux et vante tous les mérites de la paix et du bien-vivre ensemble sur cette terre. A ce moment précis, un nuage recouvre le ciel et il se met à pleuvoir suffisamment fort pour éteindre le bûcher. Cyrus comprend le message divin et libère son ennemi. Crésus est vaincu par Cyrus qui le nomme gouverneur de Barène.
Voici donc l’histoire de Crésus et son nom est resté dans le langage courant avec l'expression « Riche comme Crésus ».
Article signé : Anthos
Publié le 28/06/2020 modifié le 26/04/2020 © Esprits Auth'antiques
