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Les conseils de Zeus
pour seduire comme un dieu

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Maître contesté de l'Olympe mais maître incontesté de la séduction, Zeus a répondu à nos questions sur cet art délicat, qui requiert subtilité et hardiesse à la fois. Une interview exclusive menée par notre love coach Tit'Bulle, latin lover s'il en est, pour apprendre à faire naître l'étincelle.

Tit'Bulle : Bonjour, Héra. Merci d'avoir accepté cet entretien. C'est un honneur pour nous.

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Zeus : De rien. Je suis ravie d'avoir l'occasion de m'exprimer en personne. Le recours à des intermédiaires n'est pas toujours fiable.

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Tit'Bulle : Vous êtes la reine de l'Olympe en personne. Comment vivez-vous ce statut ?

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Zeus : Je le vis bien ! Entre nous, j’adore gouverner, même si ce n’est pas de tout repos ! En tant que première dame de l’Olympe, j’ai une réputation que je dois faire respecter. Je ne peux pas, contrairement aux autres dieux, me permettre de me laisser aller. J’ai le devoir de soigner ma réputation. Organiser les banquets, gérer les querelles… C’est un métier très fatigant, que d’être la femme la plus importante du kosmos. C’est pour ça que je suis la seule à pouvoir assumer ce rôle : les femmelettes n’ont pas la carrure pour endosser cette responsabilité. Le bémol, il faut l’avouer, c’est… pour ce qui est de la charité, ce n’est pas vraiment ma tasse d'ambroisie. Mais à part ce détail, nul doute que je suis la mieux placée pour cette tâche !

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Tit'Bulle : En plus d’être la reine, vous êtes la déesse du mariage mais vous n’êtes jamais présentée comme mère. Pourquoi ?

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Zeus : Parce que si j’avais tout, les autres dieux se sentiraient inutiles, les pauvres ! Il faut bien que je leur en laisse un peu !  Non, plus sérieusement, il se trouve que beaucoup de flou tourne autour de la conception de mes enfants. En fait,  j’ai conçu la  plupart  d’entre  eux  seule, avec  l’aide  de  la  PMA. Voilà  pourquoi, n’étant pas une mère  « classique », je ne peux pas être associée à la maternité. J’ai en revanche confié cette tâche à ma fille, Ilithye. C’est elle qui assiste les mères lors de l’accouchement, en tant que déesse de l’enfantement.   

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Tit'Bulle : Pouvez-vous nous en dire plus sur la conception de vos enfants ? Et sur la PMA ?

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Zeus : Bien sûr.  D’abord, il faut savoir que les mortels sont en désaccord sur ce sujet.  J’ai eu plusieurs enfants, seule ou avec Zeus. Je ne le sais pas avec certitude car ce dernier a refusé de passer les tests de paternité… Ce serait sûrement comme ouvrir la boîte de Pandore, pour lui, avec toutes les revendications qui s’ensuivraient… (rires) Néanmoins, pour certains d’entre eux, je n’ai pas trop de doutes. Dans le cas d’Arès et d’Ilythie, notamment, leur conception n’a rien d’extraordinaire : ils sont tous les deux les enfants de Zeus. Héphaïstos est le fruit d’un débat entre Zeus et moi, au sujet de la PMA. Mon mari soutenait que la Procréation Mythologiquement Assistée offrait aux hommes la possibilité de faire tout aussi bien que les femmes, seuls. Pour le prouver, il a fait naître Athéna, non sans théâtralité d’ailleurs… Piquée au vif, j’ai voulu réagir. Et voilà comment j’ai conçu, seule, Héphaïstos.

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Tit'Bulle : S’il était désiré, pourquoi l’avez-vous rejeté ?

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Zeus : Parce qu’il était d’une laideur…! N’importe qui aurait eu honte d’engendrer une telle chose, alors…moi ? Comment aurais-je pu supporter d’avoir mis au monde ce monstre ? Incapable d’admettre que cet hideuse créature était mon fils, j’ai fait ce que chacun aurait fait à ma place : je l’ai lancé du haut de l’Olympe. La chose peut sembler un peu brutale, mais la dureté est parfois nécessaire, voire édifiante : regardez-ce que cela lui a permis de réaliser ! Il mène à présent une vie pour le moins enviable ! Il a été adopté par Thétys et Eurynomé puis est devenu un professionnel reconnu, a épousé une belle femme… Serait-il devenu tout cela si je n’avais pas fait preuve de dureté ? Permettez-moi d’en douter.

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Tit'Bulle : Vous revendiquez donc un modèle d’éducation et de parentalité spartiate ?

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Zeus : Absolument ! La douceur a ses limites : on ne forge pas des héros mythiques dans du coton ou de la guimauve. Même la déesse de l’amour est née d’un acte de violence !  Regardez Héraclès : c’est inscrit dans son nom ! C’est à ma rudesse qu’il doit sa gloire ! Il en va de même pour Héphaïstos. Il n’est pas à plaindre.

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Tit'Bulle : Je vois, intéressant… Mais revenons à la PMA. Qu’en est-il de vos autres enfants ?

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Zeus : Mes autres expérimentations de la PMA ont donné lieu à des succès… relatifs... J’ai engendré Typhon. Je voulais montrer aux dieux ma puissance en mettant seule au monde un être plus puissant que chacun d’entre eux. J’ai fait élever Typhon par Python, le serpent femelle. Mais il a mal tourné… Heureusement, sur ce coup-là, Zeus a bien tenu son rôle de beau-père. La naissance de Hébé est différente. Elle est née d’une manière assez originale, pour ne pas dire déconcertante. C’est à la suite d’un banquet donné par Apollon, où j’avais ingurgité une quantité conséquente de laitues (oui, j’aime la salade), que je suis tombée enceinte.

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Tit'Bulle : Vous êtes tombée enceinte après avoir mangé de la salade ?? Avez-vous une explication ?

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Zeus : Non, inutile de me demander pourquoi... c’est arrivé, c’est tout. Ce n’est pas logique, c’est mythologique. Vous devriez avoir l’habitude, non ? De plus, apprenez que les pouvoirs de la salade sont injustement sous-estimés. Outre ses vertus pour garder une ligne divine, c’est aussi un outil précieux pour les immortels : les dieux passent leur temps à en raconter !  Tenez, Aphrodite, pour ne pas la nommer ! C’en est une grande spécialiste ! D’ailleurs, lors d’une de ses (très) nombreuses aventures, elle avait caché son amant, Phaon, dans des laitues afin de le garder pour elle seule !

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Tit'Bulle : Stupéfiant. Venons-en à votre statut d’épouse : vous êtes la femme du roi des dieux. Comment décririez-vous votre relation avec Zeus ?

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Zeus : C’est… compliqué. Zeus, mon infidèle de mari, passe son temps à me couvrir de honte en courtisant des mortelles. Je n’en peux plus, je suis la risée de tous les dieux, moi, Héra, moi, la reine ! Le problème, c’est que Zeus est la seule personne que je ne surpasse pas en puissance. Je préfère donc punir les maîtresses de Zeus pour assouvir ma vengeance : c’est moins risqué que de m’en prendre directement à lui. Et puis ça leur apprendra à essayer de séduire l’époux de la plus grande déesse de l’Olympe !

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Tit'Bulle : Pourtant, toutes les maîtresses de Zeus n’étaient pas consentantes. Leur châtiment n’était-il pas injuste ?

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Zeus : Pour être tout à fait honnête, je n’en ai rien à fa... Euh, non, pardon. Mais si c’est l’influence de Platon, Dikè ou Thémis qui vous fait croire à une justice équitable, redescendez sur terre !  En réalité, je n’ai pas vraiment le choix : il s’agit tout de même de mon honneur ! Je ne peux pas laisser faire mon mari sans réagir, il faut que ma colère s’assouvisse, que je fasse comprendre à Zeus que ce qu’il fait n’est pas correct ! S’il y a bien une chose dont je suis incapable, c’est de laisser un affront impuni. Or ces affronts s’incarnent dans ces simples mortelles. Il est donc juste que ce soit elles qui paient, même si elles n’ont pas directement souhaité m’offenser. Si je procède ainsi, ce n’est pas par sadisme mais par nécessité, tout comme Némésis. Et puis, on ne va en faire toute une histoire : il ne s’agit tout de même que de simples mortelles…

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Tit'Bulle : Soutenez-vous également cela pour Io ? N’a-t-elle pas plus souffert qu’elle ne le méritait ?

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Zeus : Io ? ... Io ! Elle devrait s’estimer heureuse celle-là ! Non seulement elle vit encore, mais heureuse et honorée qui plus est ! Alors que cette insolente a séduit mon mari ! Après que celui-ci l’a changée en génisse, le moins que je pouvais faire était de la mettre sous surveillance. Et j’ai choisi Argus, car il a cent yeux, pour accomplir cette tâche. Mais Zeus s’est mêlé de l’affaire et a envoyé Hermès tuer ce pauvre Argus. Il était loin d’être bête et n’a eu aucun mal pour inventer une ruse afin d’y parvenir. Il a réussi à endormir Argus, tous ses yeux à la fois, et à le tuer dans son sommeil.  J’ai horreur des sacrifices animaliers inutiles, c’est pourquoi j’ai pris ses yeux pour les semer sur le plumage de mon animal favori, le paon. Io a pu s’évader mais il n’était pas question qu’elle s’en tire à si bon compte ! J’ai donc envoyé un taon la pourchasser et la piquer à la rendre folle. Certes elle a longtemps souffert mais elle a fini par atteindre le Nil et Zeus lui a là-bas rendu sa forme humaine.  Et comme si ce n’était pas suffisant, la mer Ionienne porte son nom en son honneur, ainsi que le Bosphore, c'est-à-dire « le Gué de la Vache » en grec ! Comme si cette misérable méritait qu’on lui fasse honneur ! Elle n’a vraiment pas à se plaindre, elle vit sereinement aux côtés de son fils,  alors qu’elle a osé offenser la plus grande des déesses !  J’ai été très magnanime d’en rester là ! Toutes n’ont pas eu cette chance.

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Tit'Bulle : Vous nous avez tout à l’heure confié que vous n’osiez pas vous frotter à la puissance de Zeus pour vous venger.  Avez-vous déjà essayé ?

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Zeus : Oui, et je l’ai amèrement regretté. J’avais jadis planifié une vengeance contre lui… Avec l’aide, plus ou moins forcée, des dieux de l’Olympe, j’avais attaché mon infidèle époux à son lit, dans son sommeil. Zeus, en se réveillant, était furieux, mais il ne pouvait rien faire. Hélas, cette sotte de Thétis a trouvé malin de ramener son Hécatonchihuahua, un gorille aux cents bras nommé Briarée, délivrer mon mari. Zeus était vraiment excédé : il m’a suspendue dans le ciel par les poignets, avec une enclume à mes pieds. Je me permets de vous dire que c’est extrêmement inconfortable !  Zeus a fini par me libérer. On aura tout vu, c’est tout de même lui qui passe son temps à me tromper ! Ma vengeance était légitime ! Et pourtant, c’est encore moi qui suis châtiée. J’ai donc été doublement humiliée.

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Psychè : Finissons avec une question de nos lecteurs : pourquoi aucune planète ne porte-t-elle votre nom ?

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Zeus : Oh ! Eh bien, si vous voulez vraiment tout savoir, apprenez qu’il s’agit là du pire affront qu’on m’ait jamais fait ! Aucune, strictement AUCUNE planète à mon nom ! Alors que je suis la reine des reines, la numéro 1, moi, Héra !! Quand j’ai appris qu’il n’y avait aucun astre à qui on avait donné mon nom romain, Junon, j’ai été folle de rage. Je le suis toujours d’ailleurs. Pourtant ce n’était pas le choix qui manquait ! Par exemple, cette planète avec les grands anneaux, à côté de celle qu’on a baptisée Jupiter, n’aurait-elle pas été parfaite ?  Jupiter et Junon, les plus grandes planètes du système solaire ! Voilà qui n’aurait pas manqué de style ! Au lieu de cela, à qui a été attribué cet astre ? A Cronos ! Cronos !! Ce vieux Titan tout à fait démodé ! Quel manque de goût !  Si encore j’avais eu une autre planète… Mais non ! Rien ! Même pas la plus petite planète ! C’est absolument honteux, totalement ahurissant ! Et ce n’est pas faute d’avoir protesté ! Je n’ai eu de cesse d’envoyer Iris, ma chargée de communication, négocier afin que l’on m’attribue un de ces objets célestes ! Malgré cela, ma divine parole n’a pas été écoutée. Pourtant, même cette impertinente d’Aphrodite a donné son nom à l’une d’entre elles ! Celle-là, elle me tape sérieusement sur les nerfs, d’abord la pomme d’or, puis ça… Notez d’ailleurs qu’elle est la seule divinité féminine à avoir eu cet honneur. Sur l'Olympe comme dans les sciences, cette phallocratie m'insupporte ! Heureusement, on m’a dit que je pouvais me consoler avec le mois de juin, issu de mon nom romain « Junon » … Mais qu’est-ce qu'un mois, en comparaison d'une planète ? Je devrais régner à la fois sur le Temps et sur l’Espace !

Article signé : felix felicis


Publié le 10/01/2022 © Esprits Auth'Antiques

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